La société civile est un corps composé de plusieurs forces vives de la nation,  avec les mêmes objectifs pour l’accompagnement social du peuple, elle est un rempart d’expression libre de la population pour qu’elle se sente libre et participe au développement de la communauté et de la patrie.

Le concept «société civile » est défini de plusieurs manières et cela dépend d’un auteur à l’autre. Dans leur ouvrage Baudouin HAMULI et ali…, la société civile congolaise, état des lieux et perspectives, définissent la société civile comme tous les groupes de citoyens en dehors de l’appareil gouvernemental incluant notamment les groupes d’actions, les organismes bénévoles, les académiciens, les organisations non gouvernementales, les organismes sans but lucratif, les syndicats et les milieux d’affaires.

  1. « ensemble d’associations publiques non gouvernementales qui canalisent l’expression des différents intérêts populaires »
  2. « ensemble des organisations et des associations de diverses natures, mais sans but lucratif, qui la compose plutôt que des individus » leurs actions font partie des formes de conduite collective. La société civile congolaise est structurée en formation des volontaires et bénévoles organisées et dynamiques. Elle constitue une mosaïque particulièrement vaste et hétérogène dont les contours sont difficiles à établir, qui s’ étendent sans cesse au fur et en mesure que deux ou plusieurs individus décident d’ exercer leur liberté et le droit d’association en fondant ensemble une organisation qui leur permette de réaliser en commun leurs objectifs, conforment à la loi, et indépendamment de l’ intrusion non autorisée des pouvoirs publics dans leur fonctionnement ».

Depuis la colonisation à nos jours la société civile congolaise a joué un rôle déterminant dans la conduite des affaires publiques, d’ encadrement de la population à la base et de libération (les mouvements clandestins Kimbanguiste et Kitalawa avant l’indépendance pour revendiquer l’ indépendance et l’ auto-détermination) , rappelons-nous du groupe des élites intellectuelles de l’époque à la tête, le feu Cardinal Joseph MALULU, le syndicaliste BOBOLIKO LOKONGA, les artistes comme Joseph KABASELE alias grand KALÉ avec sa composition magistrale : « Indépendance tsha-tsha tozuie… qui revêt un caractères civique de mobilisation de la nation congolaise de l’ époque, les pionniers et précurseurs de l’ indépendance sont cités dans la chanson pour leurs rendre hommage, voilà un fait historique inoubliable et patriotique ». La société civile des années 1990 et 2000 a eu également certaines figures de proues telles que Cardinal MONSENGWO, Monseigneur MARINI, docteur NUMBI, Abbé MALUMALU,  BAHATI LUKWEBO, B. HAMULI, Norbert YAMBAYAMBA,  Madeleine KALALA, Marie-Ange LUKIANA, FAIDA MWANGILWA, Steve MBIKAYI, les nouvelles générations montantes TSHOMBELA, Dani SINGOMA, Déo KAMALIRO, Eric KAMBALE, Sylvie LUZALA et bien d’autres. Les confessions religieuses sont des piliers et maillons forts de la société civile congolaise et jouent un rôle déterminant dans l’histoire immédiate du pays. La société civile de la RDC est une véritable école de formation et réservoir stratégique pour la classe politique congolaise, elle a su jouer son rôle pendant les moments difficiles et au cours de l’histoire du pays et n’a jamais été absente au cours des tournants importants de l’histoire. La société civile de la RDC n’a rien à envier à d’autres sociétés civiles du monde, elle a déjà franchi toutes les étapes et atteint la sommité de l’imperium par le feu Président KASA VUBU.  Et a  toujours été régie par des lois pour éviter le dérapage  qui permettent à celle-ci de jouer son rôle dans la société congolaise. Nous mettons à votre disposition une série de lois qui retrace le parcours et fonctionnement de la société civile du pays de la colonisation à nos jours :

  1. Le décret du 19 juillet 1926 sur les établissements d’utilité publique dus à l’initiative privée.
  2. Le décret du 24 mars 1956 sur les coopératives indigènes.
  3. Le décret du 26 novembre 1959 sur les institutions d’utilité publique.
  4. Le décret-loi du 18 septembre 1965 relatif aux associations sans but lucratif (ASBL).
  5. Le décret-loi n°195 du 29 janvier 1999 portant règlementation des associations sans but lucratif et des établissements d’utilité publique.
  6. La loi n°004/2001 du 20 juillet 2001 portant dispositions générales applicables aux associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité publique. (Cité par B. HAMULI et ali…, PP27-28)

Parmi les associations sans but lucratif, nous avons : les associations culturelles, sociales et éducatives, sportives, organisations non gouvernementales de développement, de défense des droits humains, les associations confessionnelles (religieuses ou spirituelles), féminines, les syndicats des travailleurs et employeurs, les associations professionnelles, humanitaires et philanthropiques, paysannes, coopératives, les ordres professionnels, les associations de la presse libre et indépendante, les sociétés savantes et scientifiques.

Les partis politiques sont exclus dans le rayon de la société civile selon la loi congolaise et les autres groupements qui participent à la gestion du pouvoir public et il y a une distinction nette entre le deux. Ce qui reste en commun cependant, c’est le fait que les limites et la mobilité ne sont pas figées, immuables ni mutuellement exclusives. Le passage vers l’un et l’autre n’est qu’un pas de conviction et de vision idéologique.

La loi n°004/2001 du 20 juillet 2001 tient compte de ces paramètres cité ci-dessus dans sa teneur et libéralise complètement le champ des associations sans but lucratif, et consacre la nécessité de faire participer ces institutions à la conception ainsi qu’à l’exécution de politiques publiques. Cette loi sécurise la société civile dans son ensemble malgré la rigueur de certaines dispositions juridiques de la loi.

La société civile congolaise a eu à jouer un rôle déterminant et continue à se faire remarquer en république Démocratique du Congo. Avant l’indépendance, elle était marquée par les mouvements citoyens religieux clandestins du révolutionnaire et prophète Simon Kimbangu, le Kitawala etc. l’éveil de l’élite intellectuelle va intervenir plus tard  vers la fin de la colonisation. Les mouvements citoyens n’est pas un phénomène nouveau dans la société civile congolaise mais plutôt une évolution cyclique.

La société civile a l’ obligation dans son fonctionnement de sensibiliser, organiser, mobiliser et former ses cibles (population) autour des notions d’ éducation civique, citoyenne et politique afin de développer sa conscience critique pour mieux revendiquer ses droits et liberté. Pour y parvenir seul, l’empowerment populaire permet à celle-ci de jouer son rôle de contrepoids vis-à-vis du pouvoir. Dans plusieurs pays de la planète, la société civile constitue une force motrice de changement pour des raisons de sa proximité avec la base.

 

Gaston KAYENGA